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J'aurais aimé être une artiste.
8 février 2016

Remise de diplômes.

Justine, Vivien et moi

J'ai envie de pleurer. Mais je ne sais pas si c'est de joie - celle d'avoir vécu de si beaux moments et d'avoir tissé des liens si forts - ou de tristesse - celle qui marque la fin d'une époque. Fin d'une époque, et je n'étais pas là pour tourner la page. Je regarde cette photo et ... Mais merde ! Je n'étais pas là ! Pas là pour tourner cette page. Pas là pour boire un coup et rire ensemble une dernière fois dans le cadre de l'école. Et pourtant, ils voulaient que je sois là, ils ont imprimé ma photo et ont tenu à immortaliser l'instant. Je ne sais pas quoi dire. Je les aime. 

Mais c'est peut-être mieux comme ça. Je déteste tourner les pages. Je déteste les fins, je ne sais pas m'y prendre et ça me rend beaucoup trop triste. Fin du collège. Fin du lycée. Fin des Fous Chantants. Fin de mon stage chez Martelle. Fin de la chorale. Fin de mon stage à la Ménagerie. Fin de mon séjour en Afrique du Sud. Fin de l'ESC. Fin de mon stage à Helen Keller Intl. Il n'y a aucune fin que j'aie bien supportée. Et quand je pense au mot fin, je pense à Vati. Mais c'est une autre histoire ...

Et là, je n'ai pas envie de tourner la page, pas envie de dire au revoir, pas envie de m'arrêter là. « C'était pendant 4 ans, c'était bien. » écrit Vivien. C'était plus que bien. J'ai un peu un sentiment d'inachevé : je ne suis pas allée à la remise de diplômes, donc ce n'est pas tout à fait la fin. Parce que j'espère qu'il y en aura des tas d'autres, des demi-pêche, des fous-rires, des kebabs, des T'chiot Zinc, des confidences, des Carêmes tournés gentiment en dérision, de la musique, du "mérite tu l'as", de l'amitié ... Les copains, des comme vous, y'en a pas d'autres ♥

J'ai envie de pleurer. Je ne sais pas comment ça va continuer. La Picardie me semble tellement loin. Trop loin de Lyon. Attendez-moi, je reviens ! Je vous dois mes plus belles années, sans aucune hésitation.

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3 février 2016

« Il est facile de se tenir avec la foule. Il faut du courage pour rester seul. » Gandhi

DSC_0424

J'aimerais tellement retourner en octobre 2012, comme sur cette photo où je cours sur la plage du Tréport. J'étais heureuse, tout allait bien dans ma vie. Mais je sais qu'on ne peut pas faire marche arrière, et regarder dans le rétroviseur ne m'amènera nulle part. Je dois aller de l'avant et dessiner mon avenir ... Plus facile à dire qu'à faire !

Je me sens seule lorsque je rentre le soir de la fac. En fait, ce n’est même pas le soir, il est à peine 17h (quand je réussis à tirer en longueur, sinon il est souvent 16h35) et je vois avec effroi la longue soirée qui s’annonce. J’ai beau essayer de travailler en mettant de la musique joyeuse ou de regarder une série, rien n’y fait, je n’arrive pas à m’y intéresser. Je ressens cette solitude de manière accrue depuis quelques jours – même si ça m’était déjà arrivé les week-ends où je me suis retrouvée seule à Lyon. Je ne pensais pas que je gérais aussi mal ma solitude, ça ne m’était jamais arrivé ! D’habitude, je profite des moments où je suis seule et où je peux souffler car ils sont assez rares. Mais là, je n’arrive pas à en profiter, je les subis.

J'ai décidé d'aller voir un médecin. Moi, qui n'y suis pas allée depuis mes 6 ans, qui évite farouchement les médicaments et qui n'ai accepté personne d'autre que Mamdali comme médecin traitant. Et pourtant, c'était une bonne décision et ce rendez-vous m'a fait du bien, même si aujourd'hui j'ai l’impression que ce n’est pas suffisant, alors que je me suis promis de repartir sur des bonnes bases et aller de l’avant.

Ca a un peu mal démarré. Je suis arrivée dans la salle d'attente à 14h30 et deux personnes attendaient déjà. La doctoresse arrive et demande qui est le suivant. Les deux disent : « J'avais rendez-vous à 14h30 ! » et elle commence à les flamber... Le garçon part tout seul avec elle, la dame passera après, et moi ensuite. Mais elle n'a vraiment pas l'air commode. Sur le coup, j'ai un peu peur que le feeling ne passe pas. Elle a l'air blasé, énervée et les patients passent à la chaîne. Mais lorsqu'elle vient rechercher la dame (avec qui j'ai échangé quelques mots en attendant) elle le fait sur le ton de l'humour, elle est beaucoup plus détendue ... et moi avec ! Mais je ne suis pas complètement rassurée pour autant et je lis pour essayer de me distraire. Mais j'ai l'impression que la fin va être triste et je n'ai pas le coeur à lire une fin triste sur le moment, alors je referme d'un coup sec le livre, comme s'il pouvait me faire flancher encore plus. J'attends alors qu'elle vienne me chercher, mille pensées en tête. Le début du rendez-vous est perturbé par deux coups de fil, qui me laissent le loisir d'admirer ses diplômes en grec sur les murs.

Une fois disponible, elle me demande ce qui m'amène. Je lui dis que j'ai un poids sur la poitrine, parfois des picotements, et que ça survient souvent quand je me retrouve seule - que je n'ai pas ces symptômes quand je suis entourée ou que je fais quinze mille choses. Et comme le week-end dernier, je me suis posée le dimanche, c'est revenu et j'ai eu un petit déclic et que je voulais faire un petit bilan sur ma santé. Elle me regarde, sourit et dit : « Et là vous allez me dire que vous pensez que vous allez faire un arrêt cardiaque ! » Je rougis, j'esquisse un sourire timide et dis que non, pas tout à fait, mais que j'ai peur pour mon coeur car je mange très salé et ... Elle me stoppe et ajoute : « Et vous êtes en surpoids, donc forcément à 24 vous allez mourir ! C'est ça ? » J'ai un peu honte et j'hésite entre rire et me renfermer dans ma coquille. Je choisis la première option.

Devant ma mine un peu déconfite malgré mon sourire confus, elle ajoute qu'elle ne minimise pas mes craintes, mais que ce n'est certainement pas de ça dont il s'agit. Elle pense à quelque chose de musculaire. Elle me demande de me mettre debout et d'enlever mon t-shirt. Apparemment, j'ai une scoliose (je le savais déjà, et le fait de trimballer mon ordinateur qui pèse 50kg tous les jours sur la même épaule ne doit pas aider) et dès que je suis tendue, la zone devant se contracte et ça provoque des douleurs. Sans compter que les douleurs à l'estomac se confondaient très souvent avec celles du coeur.

Puis elle me prend la tension, tout en me demandant s'il m'arrive d'avoir des remontées acides et si je suis stressée en ce moment. Je dis que oui, et puis je me jette à l'eau en me disant que je n'ai rien à perdre à lui raconter ma vie, que c'est de la pudeur à deux balles de ne jamais dire à personne que j'ai perdu mon père et je lui avoue qu'il est mort l'année dernière. Et j'ai adoré sa réaction ! Pas de pathos comme je déteste, pas d'apitoiement, mais elle m'a posé des questions pour savoir comment il était mort, demandant des précisions sur certains aspects de la maladie. J'ai aimé son intérêt sans jugement pour la manière dont je racontais les choses, mais surtout il n'y avait pas de tabou ni de malaise comme c'est souvent le cas quand je parle de mon père. Elle m'a dit que c'était normal que je m'inquiète davantage pour ma santé parce que j'avais vu mon père partir aussi vite. Et elle ajoute : « Vous somatisez beaucoup trop ! »

Pour finir, elle a écouté mon coeur et a vu mon collier pour l'Afrique. Elle m'a demandé : « Qui est allé en Afrique et vous a ramené ce joli collier ? » touchée qu'elle le remarque, je réponds : « C'est moi ! ». Elle me rend mon sourire et me demande : « Vous avez aimé ? » La façon dont elle tourne la question me fait sourire et je dis simplement : « Beaucoup... » En pensant à tout ce et tous ceux que j'ai aimé(s) là-bas. Au bout de quelques secondes de silence, elle me dit que mon coeur va très bien. Puis elle souligne les plaques rouges sur ma peau et m'a dit : « Vous voyez, vous stressez tellement rien que pour ce rendez-vous que vous en avez des plaques rouges ! Quand je vous disais que vous somatisez ! » Elle m'a pris la tension en me disant qu'il n'y avait pas de raison que je m'inquiète plus que cela, que les douleurs du coeur et de l'estomac se confondent souvent car c'est la même zone et que je ne devais pas hésiter à parler ou à aller voir le docteur plus souvent. Elle m'a dit qu'elle a compris que c'était un grand pas pour moi aujourd'hui et que je devais davantage extérioriser.

Le contact est bien passé. Elle est un peu sèche, et pourtant très à l'écoute et attentive aux détails. Ca me plait beaucoup et ça m'a rassurée. Mais ce soir, j'ai comme le contre-coup, je me sens vide, seule et je ne sais pas comment les minutes vont pouvoir passer et m'emener jusqu'à demain. J’ai appelé Maman. En fait, j’ai envie d’être à la maison. Je ne sais pas si c’est la seule raison de mon malaise, j’en doute un peu, mais le fait est que j’ai envie d’être à la maison, ou au moins de voir Maman ou Mélaine. Mais peut-être aussi être chez moi, pas seule dans un appartement qui me rappelle ma solitude. Pourtant, je n’aimerais pas avoir un garçon dans ma vie. Pas maintenant, je ne sais pas, ça ne me tente pas.

Heureusement, l’occupation agit relativement bien sur moi. Pas aussi bien qu’avant, mais quand même, ça continue à agir et ça me permet d’oublier. Mais c’est la première fois de ma vie que je sens le poids de la solitude avec autant de violence. Je lis des trucs sur la solitude, et ces articles sont pour les gens qui n’ont pas de vie sociale. Pourtant, j’en ai une. C’est juste que le soir, je n’arrive pas à rester seule. Ca ne m’a jamais fait ça et je crois que je comprends pourquoi Vivien était toujours fourré chez moi quand il a vécu sa déception sentimentale avec Caroline. La solitude négative, voilà. Je n’avais encore jamais expérimenté ça ! Ces dernières années (notamment depuis ma césure) j’ai eu la solitude plutôt heureuse … pourquoi est-ce que ça a changé comme ça ?

Claire, ressaisis-toi, merde ! Mais comment on fait ?

J'aurais aimé être une artiste.
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