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J'aurais aimé être une artiste.
26 novembre 2015

Paris, tu m'as manqué.

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Si j'étais heureuse de te quitter en août dernier, je ne suis pas rancunière. Si bien qu'en posant le pied sur le quai à la Gare de Lyon, je ne pouvais réprimer mon sourire niais. Je m'empresse d'envoyer un message à Aurélie : « Je suis à Paris, et ça me fait tellement plaisir d'y être ! » Paris, je t'ai tant détesté, mais force est de constater que tu m'avais terriblement manqué.

Je descends dans les couloirs du métro d'un pas assuré. J'attends moins de deux minutes sur le quai, et déjà une nouvelle rame ralentit à son arrivée dans la station. Je monte dans la 14, je me dirige dans les couloirs de Saint-Lazare les yeux fermés jusqu'à me retrouver sur le quai de la ligne 3 et je monte en tête de train. Les stations que je connais par coeur défilent et enfin Porte de Champerret. Je monte les escaliers, je passe les portes de sécurité, je prends l'escalator et enfin, je me retrouve dehors. Je respire l'air de Paris, quel bonheur ! Je retrouve l'euphorie de mes escapades parisiennes lorsque j'étais étudiante à Amiens.

Anastasia traverse le passage pour piétons, et lorsqu'elle m'aperçoit, son visage s'éclaire. Nous nous étreignons, quel bonheur de se retrouver ! Ca me fait drôle d'arpenter les rues du 17ème avec elle comme avant, mais j'ai l'impression que c'était hier et que nous ne faisons que reprendre notre routine après des vacances. Ca me fait du bien de la retrouver. Nous nous racontons nos vies en déambulant dans les rues, avant de s'arrêter dans un petit restaurant indien derrière l'église Saint-Ferdinand. Après le repas, nous rentrons dans l'église, nous n'avions jamais pris le temps de le faire avant. Je m'y sens bien, l'architecture est belle et la décoration très simple et épurée, comme j'aime. N'ayant pas le coeur à nous quitter, nous allons boire un café pour continuer à discuter et prolonger un peu ce moment. Mais après trois heures passées ensemble, Anastasia doit retourner travailler, à contre coeur. Je la raccompagne jusqu'au bureau, puis je la prends dans mes bras. Dès qu'elle franchira le portail, je sais qu'elle va me manquer. Elle m'envoie un bisou, je lui adresse un signe de la main puis je tourne les talons. Il pleut.

Je regagne le métro en passant devant notre resto de bagels. Les deux serveurs mignons y travaillent toujours. J'ai un sourire niais. La pluie est de plus en plus forte, je lève les yeux au ciel et je pense à Benjamin. Il ne comprend pas que j'aime me promener sous la pluie, et pourtant ça fait partie des plaisirs minuscules de la vie. De ma vie. Je prends mon temps alors que les passants vont se mettre à l'abri. A la station de taxis, le SDF indien est toujours là, sa canette de bière à la main. Je lui adresse un large sourire. Je sais qu'il ne me reconnaît pas et il est surpris de ma réaction. Je passe mon chemin et m'engouffre dans la bouche de métro quelques mètres plus loin.

Sèvres-Babylone. Je sors du métro et les lumières scintillantes du Bon Marché qui a revêti ses habits de Noël font briller mes yeux. Tant et si bien qu'en traversant la route, je glisse et m'étale de tout mon long. Deux hommes se précipitent immédiatement vers moi - qui a dit que les Parisiens étaient indifférents et malpolis ? Il m'est arrivé exactement la même chose à Lyon il y a deux semaines, et personne n'a levé le petit doigt - et l'un d'eux m'aide à me relever. Il fait quelques pas avec moi pour s'assurer que ma cheville n'a rien et que je vais réussir à poursuivre mon chemin seule. Il est agent de sécurité au Bon Marché et ne peut pas trop s'éloigner de l'entrée. Je le remercie et je poursuis ma course plus lentement.

J'arrive rue du Bac. J'emprunte la rue, et sur ma gauche, je rentre dans la Communauté des Petites Soeurs des Pauvres. Au bout de l'allée, j'entends les voix des fidèles et je demande à la soeur si je peux entrer, elle acquiesce. Je me dirige discrètement vers la gauche et m'assois à l'avant dernier rang. Je prie la fin du chapelet, puis j'envoie un texto à ma mère que je n'ai pas trouvée dans l'assemblée. A la fin de la prière, elle me rejoint. Je lui demande quelques instants pour me recueillir. Puis nous quittons la chappelle. Maman va demander une messe pour Papa, puis nous nous en allons.

Pigalle. Ca me fait drôle d'être ici, nous sommes mercredi soir et j'ai l'impression d'aller à la chorale. Mariette, Edith, Stéphane, Audrey et les autres Singing Swag ont vraiment été ma bouffée d'oxygène hebdomadaire pendant trois mois, et la seule raison pour laquelle j'étais triste de quitter Paris. Mais nous n'allons pas à la chorale, notre hôtel se situe dans le quartier. Maman nous a dégoté une super promotion et pour la première fois (en France), j'ai la chance de dormir dans un 4 étoiles ! Nous ne sommes pas déçues, les chambres sont charmantes et le personnel adorable.

Après un verre de rosé offert par la maison, nous prenons le bus direction Châtelet. Paris la nuit. On approche d'Hôtel de Ville où je suis si souvent passée, mais nous nous arrêtons avant. Les bâtiments se reflètent dans la Seine, les navettes fluviales poursuivent inlassablement leur ballet et le quartier est bien animé. Théâtre du Châtelet. Grand Corps Malade. Emotion. Rires. Danse. Puis restaurant typiquement parisien. Ravioles au homar et Paris-Brest plus que lecker.

Le lendemain matin, je prends une bouffée de onzième. Je marche de la Gare de l'est jusqu'à chez moi. Je passe par le marché à Bréguet-Sabin, je remonte la rue Boulle, puis je flâne un peu rue de la Roquette et je descend la rue d'Aurélie. Les flics n'ont pas bougé d'endroit, la camionnette est toujours là, seule la 206 blanche a changé de côté - mais les Chinois ne sont toujours pas discrets ! Je prends en photo les tags sur les murs de l'école. Je souris au gardien, même si ce n'est pas lui que j'ai flambé le 24 avril en disant que non, je n'allais pas en vacances avec ma valise, mais à l'enterrement de mon père ... Puis le passage de la bonne graine. Il y a des sapins de Noël, ça sent bon. Je prends mon temps sur la petite route pavée et comme toujours, je lève le nez pour regarder si l'habitant de la chambre aux rideaux roses va pointer le bout de son nez. Rien. Je passe devant ma porte, j'ai bizarrement un pincement au coeur. Paris, tu me manques.

Je traverse la rue du Faubourg Saint-Antoine. Mon SDF au bonnet "Au-dessus de moi, y'a du soleil" n'est plus là. Je me surprends à dire une prière pour lui. J'espère qu'il a réussi à s'en sortir, ou - ne soyons peut-être pas trop Bisounours - à trouver un coin moins difficile. Je passe devant le parc et je songe aux heures que j'ai passées ici à regarder les enfants jouer en lisant un livre ou en noircissant mes petits carnets.

Je fais un détour par Charlie et sa bière à deux balles, dommage qu'il ne soit pas l'heure d'en prendre une. En continuant mon chemin, j'entends la rumeur du marché d'Alligre et je décide d'aller y faire un tour. Je prends toutes ces odeurs, ces couleurs et ces sourires timides en pleine figure. Ca met du baume au coeur.

Puis mes pas finissent par me conduire à la gare de Lyon. Je trouve miraculeusement une petite place et j'attends patiemment que mon quai soit affiché en m'adonnant à l'un de mes passe-temps préféré : observer les gens et leur inventer des histoires. Mais le numéro de la voie s'affiche déjà et je me dirige vers mon wagon. Lorsque le train démarre, j'ai presque envie de pleurer. Lyon, je t'aime bien, mais tu n'es pas Paris.

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14 novembre 2015

Fluctuat nec mergitur.

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Qu'elle est belle la devise de Paris. Qu'elles sont belles les Conventions de Genève sur le droit international humanitaire qui stipulent que les civils ne doivent plus êtres pris pour cibles dans des conflits armés. Tu parles !

Je n'ai pas de mots. J'ai juste envie de pleurer. J'ai passé la nuit à écouter France Inter, consternée. Même quand j'éteins la radio pour faire une pause et regarder une série débile, ça me hante. Je n'arrive pas à penser à autre chose.

Tu te rends compte ? Quelques mois plus tôt, ça aurait certainement été moi à la terrasse d'un bar du 11ème. Le onzième arrondissement, là où j'ai habité ces six derniers mois. Mon QG. La rue de Charonne était la rue parallèle à la mienne ... J'ai froid dans le dos. Je m'imagine une bière à la main, ou un peu plus tard dans la soirée, un rhum coca. Et un malade qui débarque ... Non, en fait je ne veux pas imaginer ça. Je ne peux l'imaginer. Maman et Mélanie ont déjà bien assez souffert cette année, je ne peux pas imaginer leur infliger ma mort aussi.

Tous ces événements me dépassent complètement. Papa, tu vois ça ? Tu vois le monde dans lequel on est Mélanie, Maman et moi ? Là maintenant tout de suite, j'ai encore plus envie que jamais de te rejoindre. Là où tu es, je suis certaine que tu pleures aussi.

J'aurais aimé être une artiste.
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